Quand on a une douleur, la première question qui nous vient à l’esprit est : qu’est ce qui s’est passé ? Qu’est-ce que j’ai fait? On cherche une raison à la douleur .

En médecine c’est la même chose. Si vous avez une douleur, on va vous proposer de faire une radio, un scanner, IRM…. On va chercher pour quelle raison vous avez mal. 

Et si on trouve une lésion, on vous proposera un traitement en rapport à cette lésion .

Avec ce type de raisonnement, on crée un lien de cause à effet entre le fait d’avoir mal et le fait d’avoir une lésion ou un défaut. Mais cela correspond à une ancienne théorie de la douleur. 

Apparition de la douleur.

En effet, Pendant longtemps, on a considéré la douleur comme un signal d’alarme.

C’est à dire que si on a une lésion, l’exemple classique étant la brûlure à la main, cela envoie un message au cerveau pour retirer la main, et aussi cela déclenche des messages de douleur.

Cette façon de voir les choses est simpliste. De nos jours, grâce aux neurosciences, on a une perception plus précise du mécanisme de la douleur .

Des études ont été menées sur deux groupes de personnes: certaines avaient régulièrement des douleurs au dos, d’autres jamais.

On a placé ces personnes dans un IRM , et on leur a fait visionné des images de personnes qui portaient des charges lourdes.

Pour les personnes qui ont régulièrement mal au dos, l’IRM a montré une activation des zones cérébrales en rapport avec la douleur. 

Pour les personnes qui n’ont jamais mal au dos , l’IRM n’enregistrait rien. 

Ces expériences nous montrent bien que la théorie de la douleur comme système prévenant le corps d’une agression est incomplète.

Peut-on avoir des douleurs sans raison

C’est la première question que nous allons nous poser. 

Un jour, lors d’une consultation dans un service d’urgence, des médecins ont reçu un ouvrier qui avait des douleurs très intenses, parce qu’il avait marché sur un gros clou.

La douleur était si intense qu’il lui ont tout de suite donné un médicament antalgique puissant à base d’opiacés.

Puis ils ont enlevé la chaussure, pour ausculter son pied.

Et là, grosse surprise… ils se sont rendu compte qu’en fait le clou était passé entre deux orteils, et n’avait créé aucune lésion au pied!

Cet exemple illustre parfaitement le faite qu’il est possible d’avoir des douleurs sans raison .

Peut on avoir des lésions sans douleurs ?

On vient de voir qu’on peut avoir des douleurs sans raison, mais est-ce que l’inverse est vrai: peut-on avoir des lésions sans douleurs ?

Pour répondre à cette deuxième question, je vais vous parler de deux cas concrets:

Tout d’abord parlons de la surfeuse Bethany Hamilton :  alors qu’elle faisait du surf, elle a été prévenue de la présence de requins, et à jugé prudent de vite retourner vers la rive à la nage. Mais ce n’est qu’une fois arrivée sur la plage qu’elle s’est rendu compte que le requin lui avait croqué le bras gauche, alors qu’elle n’avait rien senti.

Autre exemple, grâce à des statistiques. Des études ont montré que:  

• À 40 ans,  50% de la population qui n’a pas de douleurs vertébrales présente une protrusion discale.
• À 80ans, 70% de la population présente une rupture des muscles de la coiffe des rotateurs alors qu’ils n’ont pas de douleurs à l’épaule.

À partir de ces deux exemples on voit bien qu’il est possible d’avoir des lésions sans douleurs 

Le degré de lésion est t il proportionnel à la douleur 

C’est ce qu’on appelle l’effet dose: autrement dit, est-ce que au plus la lésion est importante, au plus j’ai mal?

Des études ont été réalisées auprès d’une large population de personnes ayant une entorse de la cheville.

Cela a montré que:

• 40% n’ont pas de douleur au moment du traumatisme 
• 40% ont une légère gêne
• 20% ont une douleur dont l’intensité correspond au degré de lésion 

Donc on voit clairement que l’intensité de la douleur n’est pas proportionnelle au degré de la lésion.

Que retenir 

• Si vous avez une douleur, cela ne veut pas dire qu’il y a une raison. Donc si on vous fait des examen ils seront peut-être normaux.
• Si vos douleurs sont intenses, cela ne veut pas dire que vous avez des lésions importantes. 
• La douleur n’est pas imaginaire.

sources: cfpco: mécaniques de la douleur