Caractéristiques de la douleur

Comment soulager les douleurs chroniques liées aux émotions (partie 1)

comment soulager les douleurs chroniques liées aux émotions

Nos émotions, surtout quand elles sont récurrentes, ont tendance à placer notre corps dans de mauvaises postures, ce qui provoque des douleurs chroniques. Vous souhaitez soulager des douleurs chroniques liées aux émotions ? Découvrez comment elles apparaissent et quelles sont les solutions faciles à mettre en place, pour soulager et améliorer la qualité de vie. 

Introduction Générale à la Douleur Chronique

La douleur chronique est une douleur persistante ou récurrente depuis plus de trois mois. Contrairement à la douleur aiguë, la douleur chronique peut perdurer même après la guérison, parfois sans cause identifiable. Ce type de douleur impacte la qualité de vie sur le plan physique, mental et émotionnel.

Les émotions sont un des nombreux facteurs influençant la douleur chronique. Elles peuvent augmenter la perception de la douleur mais aussi modifier la posture corporelle. Cela crée un cercle vicieux où la douleur et la détresse émotionnelle se renforcent mutuellement. La manière dont une personne ressent et interprète sa douleur est souvent liée à son état émotionnel : le stress, l’anxiété et la dépression peuvent intensifier la sensation de douleur.

Les chaînes musculaires et myofasciales sont des structures interconnectées de muscles et de tissus conjonctifs. Elles sont particulièrement sensibles aux fluctuations émotionnelles. Par exemple, le stress peut augmenter les tensions musculaires, ce qui perturbe l’alignement postural et augmente la douleur chronique. Des théories comme celles de Françoise Mézière et Léopold Busquet montrent comment des déséquilibres dans ces chaînes musculaires peuvent être à la fois cause et conséquence de la douleur chronique.

Ainsi, pour mieux gérer la douleur chronique, il est essentiel de prendre en compte les aspects physiques et émotionnels. Comprendre et traiter les émotions peut améliorer la posture, réduire la douleur, pour retrouver une meilleure qualité de vie.

les chaines musculaires forment un système qui permet au corps de bouger et de s'exprimer

1: Chaînes musculaires et myofasciales

Notion de chaînes musculaires et myofasciales

Nos muscles s’organisent en familles: ce sont de véritables chaînes musculaires, en continuités les unes avec les autres. Leur rôle est de bouger nos articulations et permettre le mouvement. 

Je bouge et mon geste façonne mon corps: il exprime quelque chose de ma personne. Nos comportements et nos mouvements sont liés. On peut considérer que d’une certaine façon, nos chaînes musculaires aident notre corps à parler. Ce sont des outils de relation, des chaînes de communication. Elles permettent notre langage corporel.

 Elles permettent à la fois de parler de soi et de parler des autres: elles permettent de faire un lien entre le dedans et le dehors. Entre ce qui se passe à l’intérieur de mon corps, et ma relation avec ce qui m’entoure. 

Les chaînes musculaires structurent notre faculté à bouger et nos changements: nous avons besoin d’unité, c’est à dire d’un système solide, fiable sur lequel nous reposer. Dans ce sens, on peut considérer les chaînes musculaires comme un encordage, qui stabilise le système. 

Mais nous avons aussi besoin de changement, d’un système élastique, capable de s’adapter aux modifications de ce qui nous entoure. Pour ce faire, notre corps a besoin de fluidité.

Il peut y avoir des déséquilibres des chaînes musculaires: certaines peuvent se trouver en excès par rapport aux autres. Cela va induire des postures caractéristiques, plus marquées qu’à la normale. Elles sont l’expression d’un dérèglement physique et psychique, et peuvent s’accompagner de douleurs.

Ainsi, les chaînes musculaires forment un système de  continuités, qui permettent au corps de bouger et de s’exprimer. Ce sont des structures solides, qui stabilisent notre système musculo-squelettique. Mais ce sont aussi des structures élastiques, capables de s’adapter au modifications de l’entourage. Quand il se produit des déséquilibres musculaires, le corps prend des postures erronées. Pour guérir ou prévenir ces postures, il est nécessaire de lire le corps, pour repérer un terrain prédisposant.

Rôle des chaînes musculaires dans la posture et la douleur chronique

« Au départ, c’est de la fonction que découle la forme. Dans la pathologie, c’est la forme qui entrave la fonction. » Françoise Mézière.

Nous avons déjà vu qu’en ostéopathie, on considère que les dysfonctionnements sont dûs à une perte de mobilité: articulaire, tissulaire, viscérale…

Le but de l’ostéopathie est donc de restaurer la mobilité pour rétablir la fonction. Par exemple rétablir la mobilité d’une vertèbre pour lui permettre de bouger harmonieusement à nouveau.

Françoise Mézière considère que les déformations du système locomoteur sont à la base de nos dysfonctions: en corrigeant la forme, on retrouve la fonction.

On peut faire les deux: rétablir la fonction et la structure.(Godelieve Denys Struf)

Cela va se traduire par une double action:

  • Équilibrer les tensions des différents groupes musculaires
  • Reprogrammer la fonction grâce à un travail psychomoteur, pour ré-apprendre et automatiser le geste juste

Très souvent on conseille aux personnes qui ont mal au dos ou au cou de bien se tenir, de « faire un effort » …. Cela revient à penser que nous subissons les effets de la pesanteur en nous tassant et en nous tenant mal.

Pourtant, nous ne sommes pas tassés par la pesanteur, mais par des actions musculaires lorsque qu’elles deviennent excessives (Mézières). Penser que c’est par faiblesse musculaire que le corps se déforme sous l’effet de la gravité est une erreur.

 Le corps ne subit pas la gravité, il lui réagit en ajustant son tonus musculaire. 

La ré-équilibration des tensions devrait remplacer le simple renforcement musculaire ou les simples étirements. 

Il existe différents types de muscles:

  • Ceux qui ont un rôle sur la statique du corps et sur sa forme (posture)
  • Ceux qui ont un effet sur la dynamique (mouvement)

Mais très souvent, les muscles ont un effet sur les deux !

Ainsi pour retrouver une bonne posture et une bonne mobilité, il faudra équilibrer les tensions musculaires et reprogrammer le système psychomoteur. Le but sera de rééquilibrer les chaînes musculaires statiques et dynamiques. 

lien entre les émotions et la douleur chronique

2: Émotions et douleur chronique

Interaction entre les émotions et la douleur chronique

Notre corps est langage: il nous permet d’exprimer par la posture ce que nos mots n’arrivent pas toujours à dire. Ce sont nos muscles qui vont être les outils de ce langage. Ce sont eux qui positionnent nos articulations (dynamique) et les maintiennent dans cette position (statique). Les muscles sont l’outil de l’expression psycho-corporelle. Lorsque le corps a besoin d’exprimer quelque chose, on parle de pulsion  psycho-comportementale.

  • Prenons un exemple de pulsion psycho-comportementale: une personne qui a besoin d’affection.

Une personne qui a besoin d’affection va exprimer cette pulsion psycho-émotionnelle en mobilisant certains muscles de son corps à un endroit précis: c’est ce qu’on appelle pivot primaire spécifique.

En général, l’expression corporelle d’un besoin d’affection commence par une position avec flexion des genoux. Les genoux sont donc le pivot primaire spécifique.

Mais cette flexion des genoux va immédiatement entraîner des modification de la posture, par un réflexe postural, pour que le corps puisse rester en équilibre: c’est le langage du corps.

En temps normal, notre corps est capable de passer d’une posture équilibrée à une autre sans que cela ait de conséquences. Il s’adapte.

Études de cas : besoin d’affection

Si on continue le raisonnement précédent , mais avec un besoin d’affection « chronique », une pulsion psycho-comportementale qui dure dans le temps.

Dans ce cas, les muscles vont devoir maintenir de flexion de genoux et le réflexe postural de façon prolongée. Ils vont augmenter leur tonus et mettre en tension les fascias (enveloppe). Par effet de réaction en chaîne, cela va entraîner des tensions dans l’aponévrose faciale des muscles voisins, qui vont à leur tour augmenter leur tonus…. C’est ce qu’on appelle des chaînes de tensions. Les muscles se tendent les uns après les autres. 

Mais comme ce phénomène s’éternise dans le temps, cela va fixer le déséquilibre et enfermer le corps dans une typologie, dans une position caractéristique. il y aura une baisse d’adaptabilité de la posture et des mouvements. Cela entraînera des douleurs chroniques.

Il y a alors ce qu’on peut appeler un langage gravé du corps.

La lecture de ce langage du corps permet de repérer les parties du corps qu’il faut libérer de ce « carcan musculaire » , pour retrouver la liberté de mouvement et d’expression.

Ainsi face aux émotions, notre corps réagit en prenant des postures caractéristiques: c’est son langage. Mais si ces émotions durent trop longtemps, la posture se grave dans le corps, c’est ce qu’on appelle le langage gravé du corps. Il sera nécessaire de décrypter ce langage pour retrouver la liberté de mouvement et d’expression.

3: comment soulager les douleurs chroniques liées aux émotions

Il existe de nombreuses méthode pour agir sur nos tensions de chaînes myo-fasciales et nos émotions. Voici les techniques les plus couramment utilisées:

1. Exercices de respiration et relaxation

• Techniques de respiration profonde pour réduire la tension musculaire

• Exercices de relaxation musculaire progressive

2. Étirements et postures pour améliorer les chaînes musculaires

• Étirements spécifiques pour les chaînes musculaires selon les théories de Mézière

• Postures correctives recommandées par Denys-Struyf et Philippe Campignion

3. Techniques de gestion des émotions

• Exercices de méditation et de pleine conscience pour mieux gérer les émotions

• Techniques de visualisation positive pour diminuer la perception de la douleur

Je vous les détaillerai dans d’autres articles où je vais approfondir ces notions de libération des chaînes myo-fasciales et des émotions.

Ici, je vais vous décrire une posture d’étirement de la chaîne musculaire postérieure (dos, arrière des cuisses, mollets), inspirée des travaux de Françoise Mézière:

  • Allongez vous sur le dos
  • Bassin contre un mur, jambes tendues sur le mur
  • Les bras sont en croix, paumes de mains tournées vers le plafond
  • Le menton est légèrement rentré
  • Pieds flex (en crochet)

Maintenez cette position et respirez profondément, en inspirant par le nez et en soufflant par la bouche.

Cette position doit être confortable. Si vous n’arrivez pas à maintenir les jambes tendues, pliez un peu les genoux.

Vous devez sentir des tensions derrière les cuisses, genoux, mollets, bas du dos.

Augmentez le temps où vous gardez la posture de façon progressive.

La régularité est la base de la réussite pour soulager les douleurs. Cet exercice ne vous prendra que quelques minutes, alors faites le plusieurs fois par semaine pour sentir son efficacité !

4: bibliographie

Cet article a été inspiré par les livres suivants:

Conclusion

il existe un système de chaînes musculaires, interconnectées les unes avec les autres. Ces chaînes musculaires sont un outil qui permet à notre corps de s’exprimer là où il n’arrive pas à mettre des mots. Nos expressions ont des postures caractéristiques, et par son adaptabilité, le corps arrive à faire des aller/retour entre les positions normales et ces postures.

Quand nos émotions s’éternisent trop dans le temps, les postures se gravent dans le corps. Le corps n’arrive alors plus à s’adapter, et les douleurs chroniques apparaissent. 

En décryptant ces postures erronées, il est possible de libérer notre corps de ce carcan musculaire pour retrouver la liberté de mouvement, la souplesse, et une meilleur qualité de vie.

Je vous ai décrit une première posture, facile à réaliser et qui fait tellement de bien! Alors mettez vous en place et commencez dès maintenant à faire un pas vers les solutions efficaces qui vous permettront de soulager vos douleurs chroniques !

Cet article vous a plu ? Pensez à laisser un commentaire et faites moi part de vos expériences, vos envies, vos questions 🙂

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14 commentaires

  1. Alice de Pleine Renaissance a dit :

    Merci Annick pour cet article très intéressant ! L’impact des émotions sur le corps physique et sur la posture est une chose que l’on aborde souvent en naturopathie, ton approche d’ostéopathe apporte un bon approfondissement à ce que l’on nous enseigne.

    1. Bonjour Alice,
      Merci pour ce retour d’expérience. L’ostéopathie et la naturopathie sont toutes deux des médecines qui prennent en compte l’individu dans sa globalité. Elles sont très complémentaires.

  2. SCHMITT Joelle a dit :

    Merci Anick pour cette article . Et surtout merci pour les solutions en cas de douleurs chroniques 🙂

    1. Bonjour Joelle,
      Merci pour ton soutien.

  3. a dit :

    Les émotions influencent les douleurs chroniques. Tu proposes des solutions pour les soulager. Les exercices de respiration, les étirements et la gestion des émotions pour améliorer la qualité de vie que tu proposes sont excellents. Merci pour tes conseils.

    1. Bonjour Jackie,
      Merci pour ton soutien.
      En effet, il est très important de prendre en compte les émotions de chacun quand on veut soulager des douleurs chroniques. Je vais bientôt vous proposer des exemples d’exercices faciles à mettre en place et efficaces pour soulager les douleurs.

  4. a dit :

    Merci pour cet article. Le lien douleurs/émotions est effectivement prouvé.
    Je note l’exercice proposé. J’ai juste une question : est-ce qu’il peut être pratiqué quelle que soit la localisation (dos, estomac, épaule, migraine…) ?

    1. Bonjour Patricia,
      Merci pour ton soutien. L’exercice que je propose peut être pratiqué pour toutes les situations. Il étire toute la “chaine postérieure”, de la base du crâne jusqu’à la plante des pieds, d’où son action sur la globalité du corps.

  5. J’aime comprendre pourquoi. Merci pour ton article car je comprends un peu mieux ce que fait mon ostéo ou mon kiné 😉 Le langage du corps est impressionnant, encore plus quand les émotions sont refoulées ou ignorées. Je retiens l’exercice proposé, que je vais tester ce soir.

    1. Bonjour Naomie,
      Merci pour tes encouragements. Avec nos patients, nous ne prenons pas toujours le temps d’expliquer ce que nous faisons, ni pourquoi nous le faisons… je suis ravie de t’avoir permis de mieux comprendre. C’est important pour mettre en place les bonnes actions qui soulagent et rendent la vie plus agréable!

  6. Merci pour cet article qui ouvre de nouvelles perspectives pour des personnes comme moi. J’ai particulièrement apprécié l’étude de cas sur le besoin d’affection.

    Ayant travaillé 25 ans en psychiatrie au XXᵉ siècle, j’ai vu à quel point le traitement de ce besoin se limitait souvent aux médicaments. Pourtant, des solutions alternatives existent.

    Votre blog est une véritable mine d’or.

    1. Bonjour Corinne,
      Merci pour ton soutien ! En psychiatrie, les émotions et leur gestion ont une grande place. Je suis d’accord, la chimie n’est pas la seule solutions, d’autres approches complémentaires permettent d’avoir des résultats encore meilleurs 🙂

  7. a dit :

    Merci beaucoup Anick pour ton article. J’ai trouvé très intéressant comment tu explores la connexion entre le corps et l’esprit et les différentes méthodes pour gérer ces douleurs. Les techniques que tu proposes, telles que la respiration consciente et la thérapie cognitive, offrent des perspectives pratiques et accessibles pour ceux qui cherchent à mieux comprendre et traiter leurs douleurs chroniques.

    Ton approche holistique est vraiment inspirante. A bientôt et au plaisir d’échanger ensemble.

    1. Bonjour Béa,
      Merci pour ton soutien. Considérer l’être humain dans sa globalité est important. En médecine physique et en kinésithérapie on a tendance à s’occuper d’une partie du corps sans l’intégrer dans sa globalité. D’autres pratiques, comme l’ostéopathie, la naturopathie, le Pilates, le Yoga… permettent de réintégrer cette zone en souffrance dans une action globale, pour plus d’efficacité sur le long terme.

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